vendredi 24 novembre 2017

Les chansons dans l'autoradio


Photo par Delphine Chanet dont j'admire tellement le travail

Hello, voilà bien le titre le plus désuet du monde mais je suis dans une période mélancolique dont acte. Et puis on fête 3 ans de blog sans billet! Un bien bel exploit pour quelqu'un qui souhaitait écrire plus souvent et qui avait décidé de s'y mettre sérieusement... en 2014. Alors oui entre temps il y aura eu un enfant supplémentaire, un déménagement, un changement de travail, dix mille questionnements en mode "Qui suis-je? Où vais-je sinon dans le mur et lestée de 5 kilos en trop?", des achats compulsifs de livres jamais lus et des séances de yoga méditatives mais néanmoins sportives mais ça n'excuse pas tout...

Bref, pour repartir sur une note légère, je me suis dit que je me ferais bien une petite compilation des titres qui ont bercé mes trajets enfantins.

Pourquoi cette idée? La relecture d'une très touchante planche de Boulet + l'écoute de l'album "Sessions" de Sébastien Tellier qui comporte notamment une reprise de la Dolce Vita de Christophe + l'importance que mes enfants semblent porter au fonctionnement de la musique dans la voiture et ce, quelle que soit la longueur du trajet.

A la manière des parfums, les chansons que l'on subit enfant dans la voiture ont un goût d'éternité. Parce qu'elle sont lancées systématiquement à peine la clé tournée, parce qu'elles rythment des voyages un peu trop long, parce qu'elles sont synonymes de vacances, systématiquement commentées ou accompagnées de tentatives de chants et d'harmonises plus ou moins heureuses, parce qu'elles sont souvent jouées trop fort. Dans mon cas, il faut ajouter qu'il fallait attendre de rembobiner la cassette pour avoir une chance de les écouter une nouvelle fois? Il est donc difficile de ne pas les associer à la coupe au carré avec barrette, au sac Mickey en plastique transparent et à la banquette arrière de la 205 blanche, option wild eighties sans ceinture.

- "La Dolce Vita" de Christophe donc:  Un type qui chante des chansons sur Stéphanie de Monaco ("Allooooo Stéphanie, ne raccroche pas"), qui parle de son amour pour les smokings en satin ou les vestes de soie rose, de construire des marionnettes et qui compose des trucs aussi fous que les paradis perdus. Tel son crépuscule, quand tu as 8-9 ans, tu ne sais pas si c'est pour rire ou si c'est grandiose. Maintenant tu sais.



- "Avalon" par Roxy Music: les années 80 à leur apothéose. Bryan Ferry et sa voix de velours, le saxo, les nappes de synthé et en même temps la chanson la plus classe et la plus sensuelle du monde.


- Hotel California des Eagles: officiellement la bande-sonde la lune de miel de mes parents (avec Sailing de Rod Stewart). Ils en parlaient avec des trémolos dans la voix (étant désormais chargée de famille, je ne peux que compatir). Accessoirement, les paroles de la chanson étaient très étranges, laissant l'imaginaire fonctionner à fond. Peut-être que ma fascination pour la déliquescence et les dernières heures du mouvement hippie vient de là. Les drogues et l'ombre de Charles Manson rôdent dans les derniers couplets...






- "Gaby, Oh Gaby" de Bashung: inusable, parfaite, surréaliste. La chanson qui plaît à l'enfant qui n'y comprend rien (mais qui sont Wanda et ses sirènes?) mais trouve quand même super chouette cette petite mélodie sautillante et ces mots qui claquent.  "A quoi ça sert la frite si t'as pas les moules?" Tout est dit.  Ensuite viendront 10 000 chansons de Bashung que tu continueras à vénérer sans trop rien y comprendre.




- Tout Elton John: ici c'est très difficile de choisir, une compilation de 2 cassettes (folie! un double album, donc une double K7) a longtemps traîné dans la voiture. Sir Elton y était bien excentrique sur la pochette avec ses lunettes de soleil et son petit chapeau à strass et surtout n'y apparaissait pas le mystérieux Bernie Taupin qui pourtant cosignait quasiment tout. Aujourd'hui encore je ne sais toujours pas à quoi il ressemble. Alors bien sûr il y a Your song, Crocodile Rock, Don't go breaking my heart, Rocket Man... mais j'aime particulièrement Daniel grâce à laquelle j'ai pu exercer toutes mes compétences en anglais dès le plus jeune âge.



- "The world is stone" par Cindy Lauper: alors là on parle plus d'accident qu'autre chose. Pour être brêve, un trajet Toulon> Paris de 8 heures, 2 cassettes de 2 titres (autre folie du marketing musical des années 90!) dans la voiture. Autant dire que je connais par cœur chaque inflexion de la voix de Cindy Lauper alors que je hais littéralement Starmania (ne me lancez pas sur le concept de l'opéra rock, ce serait sans fin et ça a généré des trucs improbables comme la comédie musicale sur Mozart et l'assassymphonie). Pour info, la seconde K7 2 titres présente dans cette voiture fin août 1991, c'était (Everything I Do) I do it for you de Bryan Adams, qu'avec ma sœur, on trouvait follement romantique... Heureusement les goûts évoluent, même Bryan Adams a décidé de changer de carrière depuis.

- The City of New Orleans de Johnny Cash: mon père aime bien la country. Je ne sais pas vraiment d'où lui vient cette appétence mais c'est amusant de voir combien l'écoute de Johnny Cash, d'Emmylou Harris et consorts le met en joie. Je pense que plus que la danse en ligne et le port du Stetson qu'elle sous-tend, il est surtout sensible aux voix et aux destins brisés que cette musique charrie. On en a donc soupé des compils de country avec The most beautiful girl de Charlie Rich, Stand by your man de Tammy Wynette... On râlait un peu tant ça pouvait être parfois un peu monotone, mais au final, je pense qu'avoir autant écouté ces classiques ont modelé certains de mes goûts tant j'aime les premiers albums de M. Ward et Cat Power et de Ryan Adams.  J'aime  aussi l'idée de ces femmes puissantes que la musique country a pu faire émerger, ou encore l'idée d'une musique pensée comme un paysage. Et puis the city of New Orleans c'est quand même la principale inspiration de la meilleure chanson de Joe Dassin, "salut les amoureux"!


- Les albums de chanson corse: alors là c'est vraiment liée aux vacances et à ma grand-mère qui ponctue chaque chanson par un "oh mais quelle jolie voix" ou fait taper son pied sur le sol pour marquer le rythme. On sent qu'on va vers Nice prendre le bateau pour Bastia et qu'on est en août. Un album particulièrement a été usé jusqu'à la corde: Cuntrasti e Ricuccate des Chjami Aghjalesi avec cette si jolie balade, Nanna.  Ne l'ayant pas trouvée sur youtube, je repars sur les classiques.



- Suite logique, les chansons italiennes dont on est incapable de chanter les paroles mais qui sont si chouettes. Pas de snobisme là dedans, tout est bon à prendre de Lucio Battisti à Toto Cutugno, le tout c'est qu'il y ait une bonne ambiance seventies dedans et qu'on nous parle avec un accent suave.


Bon je suis restée sur les essentiels, je préfère vous éviter les chanteuses à voix et autres lubies qui heureusement n'ont eu qu'un temps. Dans mon cas, je me demande franchement ce que mes enfants retiendront de toutes ces écoutes en voiture, de la mélancolie c'est sûr (on a bien usé le Carrie and Lowell de Sufjan Stevens), de l'endormissement au son du Aventine d'Agnès Obel, des ricanements au sujet des Kids United, des enchaînements fous avec le Bohemian Rapsody de Queen, mais à l'heure où la musique dans toute sa diversité est bien trop accessible en permanence, la perte de la répétition jouera sûrement en défaveur de ces musiques madeleines.

Bon en même temps, ces temps ci ils sont à fond dans le disco... J'ai fait des enfants retro.

Cheers!


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