mercredi 9 juillet 2014

The importance of being Morrissey



Bon ces temps-ci je n'écris rien, j'attends, je réfléchis... et j'angoisse. Dans ces moments, trouver un réconfort est heureusement possible; cela passe souvent par:
- manger du nutella ou de la purée d'amandes;
- faire les soldes en ligne (et ensuite annuler le panier, non ta vie ne sera pas plus simple avec ce joli sweat Maison Labiche)
- faire du granola maison;
- pratiquer le binge-watching ou regarder Tellement vrai (la dernière fois, ça mettait en scène des fans de Lorie, c'était énorme);
- faire beaucoup trop de lessives (la grande victoire du propre sur la terreur intime);
... mais surtout et plutôt écouter la voix de Morrissey. 

Morrissey a ravi mon coeur et mes oreilles à la fin du lycée. Bien sûr, les Smiths étaient déjà séparés et j'attribue pleinement aux Inrocks cette "révélation" musicale tardive. Plus exactement, c'est grâce à la compilation "The Smiths is dead" éditée par le magazine. Beaucoup de groupes que j'adorais (The Divine Comedy, Placebo, The Boo Radleys, Supergrass....) y reprenaient les titres de l'album phare du groupe ("The Queen is dead"). 

A cette époque, il faut savoir que je pouvais acheter  n'importe quel bien culturel uniquement sur la foi d'un petit sticker ajouté sur la pochette ou couverture signifiant qu'il s'agissait d'un choix Inrocks. C'est donc comme ça que j'ai acheté trois maxis différents de Common People de Pulp, lu des poèmes de Houellebecq parlant d'ordinateurs, traqué les aventures de Tank Girl ou vu des films japonais improbables avec des surfeurs muets).

Côté musique, si on y ajoutait la caution Magic, alors là c'était la folie.


The Smiths is dead donc, avec sa pochette reprenant le beau visage cassé de Kes, le héros maltraité du film de Ken Loach. Quelle autre image pour me donner envie d'écouter tout d'une traite, moi si encline à aimer les histoires tragiques sur fond de lande pluvieuse, moi, si fascinée par l'Angleterre?  Si j'y rajoute le fait que dans le livre sacré de mon adolescence  -Trainspotting d'Irvine Welsch - un des personnages, Spud, citait un des couplets de There is a light that never goes out, on peut dire que tout était fait pour que j'écoute le disque original.


Mais pourtant, l'approche n'a pas forcement été immédiatement foudroyante.  J'avoue même avoir été un peu déçue. Je crois que je m'attendais à quelque chose d'énorme et je me retrouvais avec un son qui me semblait vieillot, des mélodies peu évidentes... Mais et heureusement, peu à peu, le charme a opéré. Doucement, vicieusement. Les chansons des Smiths ont en effet des apparences trompeuses, une guitare sautillante qui fait écho à des thèmes terribles, une voix de velours qui assassine ses ennemis, sans répit, des manières d'aristocrates portées par des prolétaires. Le sang sous les lys.


Après leur séparation, c'est Morrissey qui continuera le mieux son chemin avec des disques parfaits et d'autres plus inégaux. Mais une constante, cette voix souveraine. La plus classe au monde.  Celle d'un crooner affranchi, celle qui fait que Now my heart is full, Please, please, please ou Everyday is like sunday vous donnent instantanément envie de pleurer.


Je me souviens vraiment très bien de la première fois que je l'ai vu en concert. Il était déjà bien usé mais je sais que j'étais complètement transie d'amour et de fascination. J'aurais pu pleurer tellement j'avais l'impression qu'un rêve se réalisait... Je suis toujours surprise de constater l'effet que peut produire un artiste sur un être humain normal - j'entends : non adolescent - Je crois que j'avais ressenti la même impression de terrassement intérieur quand j'avais vu Michael Stipe de R.E.M lors de la tournée Monster - oui j'aime les garçons fragiles et végétariens). L'impression de voir s'incarner enfin devant moi un personnage relevant de la pure fiction, de l'imaginaire. 

Car Morrissey, c'est aussi un personnage de roman. Un être sans concession, dans ses propos, ses goûts, ses affectations. Même si j'ai déjà beaucoup lu de choses sur lui (il faut aussi regarder l'excellent documentaire "The importance of being Morrissey"), j'avoue que j'ai hâte de me procurer son autobiographie... Preuve de son côté diva, celle-ci n'est pas traduite... parce Moz trouve parfait qu'elle soit éditée par Penguin Books.

Voilà, c'était la minute fan attitude, je retourne à ma purée d'amandes.

Allez cheers!