lundi 12 mai 2014

La sonate pathétique



Je l'avoue, je suis une bille au piano. J'ai appris laborieusement cet instrument quand j'avais 8-9 ans et on peut dire qu'on était loin du petit génie.

D'une part, l'ajout d'un énième apprentissage en cette période douloureuse de leçons de Bled, de poésies à réciter et de tables de multiplication à savoir par cœur, relevait pour moi de la torture pure; d'autre part, à cette époque, évoluant dans un imaginaire intérieur où le comble de l'esthétisme s'incarnait dans un Petit Poney turquoise à cheveux rose argentés et dans les synthés de la B.O du Grand Bleu (Eric Serra et ses longues plages synthétiques avec cris de dauphins, c'était quand même quelque chose), la perspective de devoir s'astreindre à jouer des vieux morceaux de vieilles personnes sur un vieil instrument soulevait en moi des râles de flemme aigus.

Sympa comme perspective, non?
Pourtant, pendant un moment très furtif, avoir un piano blanc so eigthies à la maison m'était apparue comme une bonne idée: je pensais que j'allais pouvoir rapidement me la donner façon Elton John ( "Il jouait du piano debout..."). Mais non non, la méthode rose et le déliateur n'ont pas réussi à faire de moi quelqu'un qui réussit à enchaîner les gammes avec souplesse et furie.

Bref, apprendre le piano ne fut pas pour moi un grand moment d'épanouissement artistique et aussitôt que je fus libérée (sans trop de mal, vu mon niveau) de cette activité totalement ingrate à mes yeux, mon enfance et mon adolescence furent emplies de joie et de perspectives de libertés sans fin.



Malheureusement, on se retrouve toujours rattrapée par sa flemme... La musique a toujours eu une part importante dans ma vie, et mon incapacité à pianoter quoi que ce soit alors même qu'un jour, "j'ai su" (même juste un peu), me paraît désormais complètement absurde. J'ai une révérence sans fin pour les musiciens et je ne sais pas pourquoi mais je suis d'autant plus fascinée par les pianistes. Le son d'un piano peut être tellement élégant. Alors oui aujourd'hui, je veux savoir jouer du piano comme ça:




Du coup, à 33 ans, le piano droit blanc est revenu à la maison (modernisé quand même) mais je ne sais pas pourquoi je procrastine. Je me dis qu'il faut que je m'y mette mais je le regarde avec timidité. Je me trouve des excuses (il faut que je reprenne des leçons) mais au fond je sais bien que cela me renvoie au fait que je n'aime pas être laborieuse et que là si j'arrive à déchiffrer trois lignes de partitions, je suis déjà exténuée (mais pourquoi la clé de Fa, pourquoiiiiiii?). Par ailleurs ma capacité à faire bouger ma main gauche indépendamment de ma main droite est très limitée. Bon du coup je le regarde certes, mais il va falloir que j'arrive à en faire quelque chose. En attendant, je mets Radio Classique et je bave en écoutant Martha Argerich.



Allez cheers!

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