lundi 3 février 2014

Bienvenue à Rio Baril


J'aime beaucoup Florent Marchet. Alors oui, on entre clairement pas dans le périmètre de la chanson gaie gaie (en même temps comme il le dit lui-même "c'est pas moi qui ait commencé" - cf. l'émission Comme on nous parle dont il était l'invité la semaine dernière), mais son analyse toujours juste des rapports sociaux me captive. Un petit précis de sociologie enrobé de mélodies étincelantes ( selon le dernier article de Technikart, l'utilisation du terme "étincelant" me vaudrait sûrement d'être classée directement dans la catégorie des personnes "qui écrivent comme un journaliste des pages culture des Inrocks" - en passant, article très drôle)

Je compte Rio Baril parmi les disques les plus beaux et les plus lucides de la chanson française. Lucidité adossée à une ville imaginaire dont Florent Marchet trace les contours, sans sensiblerie mais tout en sensibilité. 


On retrouve du Miossec dans ces histoires d'amour désenchantées, un peu vaches et souvent avinées (d'ailleurs, on le retrouve en personne sur le refrain de Je m'en tire pas mal - livrée du premier album), du Dominique A dans le lyrisme, du Sufjan Stevens dans les orchestrations précieuses et puis Charles Fréger signe les photos de l'album, autre motif de joie tant son travail de répertoire photographique sociétal dénué d'artifice - mais non sans regard - entre en correspondance avec celui de Florent Marchet. e:


Rio Baril, c'est le récit implacable d'une France "moyenne", avec ses aspirations terre à terre, son rejet  pas totalement assumé de l'autre, sa consommation d'antidépresseurs quotidienne, ses amours vacillants et ses enfants qui préféreraient ne pas grandir. Les orchestrations si belles viennent alléger le tout, mais dans le fond, le conte est bien cruel.  C'est un album intense qui vous fait vite oublier que la chanson française est parfois un peu trop ronronnante. 

Et puis il y a les autres disques de Florent Marchet. Gargilesse notamment dont la seule écoute de deux titres emporte le tout: le cinglant Levallois et le sublime et pourtant dramatique Le terrain de sports (impossible d'associer la vidéo youtube, rahhhhhhhh). Tout en maniant une langue et des problématiques bien contemporaines, Florent Marchet prouve que chanter en français n'est pas antinomique avec le concept de ritournelle, de chanson, qu'il est possible de faire sonner ces mots sans forcement perdre sur le fond. Même si Courchevel est peut-être un peu moins abouti que les précédents, on y trouve toutefois des pépites.



Je fais volontairement l'impasse sur les albums sortis en parallèle tels que Frère Animal (que je trouve plus difficile d'approche) ou celui de reprises de chansons de Noël (car la couv me fait peur - oui je sais ce n'est pas une raison pour ne pas l'écouter, mais j'ai un souci avec les pères Noël et les clowns tristes).

Mais pourquoi parler de Florent Marchet ces temps ci? Et bien parce qu'il sort un nouvel album qui s'appelle Bambi Galaxy. Je ne sais pas vraiment à quoi m'attendre mais ayant entendu quelques bribes, je sens qu'il va me plaire (et pourtant il part pour être d'une écoute risquée).

Allez cheers!

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