lundi 16 décembre 2013

Une histoire de dose



A la manière de Chimène Badi, je peux fièrement déclamer "je viens du Suuuuuud". Mes parents en sont tous deux originaires (côté Est: Corse - PACA // côté Ouest: Toulouse, la ville rose), j'y ai vécu toute mon enfance, moins à l'adolescence, j'y ai toujours beaucoup d'attaches même si elles sont surtout familiales. Mais, pourtant, contrairement à notre chanteuse à forte voix, je ne suis pas sûre de pouvoir affirmer, sans ciller, que "par tous les chemins, j'y reviens". Ce n'est pas juste une histoire de teint peinant difficilement à bronzer, plus un état d'esprit.
 
Certes, la recherche du juste compensé constitue une de mes obsessions dès que le printemps pointe son nez mais je ne me sens pas particulièrement proche du caractère faussement bonhomme du Sud, des tapes dans le dos et de la sempiternelle question de l'apéro. Je ne me damne pas pour les productions de la mer, je ne nourris aucun rêve de piscine ou de grillades en plein air, je fuis l'enfer estival des villes du Sud, acheter un maillot de bain fait partie de mes drames annuels, je n'ai pas d'accent et le désert culturel qui peut régner en PACA a tendance à m'effrayer. Alors, oui bien sûr c'est réducteur comme approche mais cela me fait me poser de vraies questions quand je me retrouve face à des congénères qui ne jurent que par le fait "d'y revenir". Je me demande à chaque fois, si moi aussi, un jour, j'aurais véritablement ce besoin de retour.

Le rapport au territoire qu'il soit de naissance, d'adoption est toujours fascinant, il participe de la fantasmagorie personnelle, de ce que l'on pense faisant sens en soi. On se revendique comme venant d'ici ou de là, on se catalogue dans telle ou telle catégorie en fonction, or toutes ces origines, à moins de ne jamais sortir de chez soi, sont au final relativement superficielles. Heureusement, on n'est pas forcement pas le fruit d'un territoire.

Mais pourtant... pourtant, dans le fond, je me sens du Sud, c'est incontestable. Ce rapport ne se niche finalement pas dans un trait de caractère comme l'orgueil ou dans le matriarcat bien présent, mais dans un certain rapport à la lumière, à la mer. 

Nulle considération de voileuse dans mon cas, faire du bateau me barbe souverainement (de sombres histoires de sorties en optimiste en plein hiver durant toute mon année de CM2 ont achevé en moi toute envie de naviguer, si elle existait), plus une histoire de sensations: je suis une frileuse facile, j'ai besoin du soleil total, celui qui irradie, qui chauffe le corps, j'aime le mistral qui souffle, le bruit des vagues... Le bleu de la Méditerranée, les plages de Porquerolles, les ocres des criques pas totalement décimées par le tourisme, les pins et leur odeur si particulière, le chemin de la batterie basse, l'arrivée sur Ile-Rousse au petit matin, l'odeur du Maquis... tout ça peut paraître très banal tant tout être humain peut en effet avoir besoin de ça, mais ils sont pour moi constituants. Je ne me vois pas vivre sans. 

On a tous en nous ce territoire fantasmé, finalement une origine dépouillée de ses défauts. Pour moi, finalement, cet eden, c'est la mer tant je me rends compte combien tous les paysages où celle-ci est une composante essentielle m’émeuvent. La Pointe du Raz en Bretagne, les plages océanes du Cap Ferret, une vaste plage de sable noir en Islande, tous m'ont fait cet effet là. D'un coup, j'y prenais ma dose et je ne n'inquiétais plus de savoir ce qu'il y avait autour. J'aime l'idée que la mer soit ce paysage changeant, oscillant entre calme et tourmente, pouvant tout autant apaiser qu'inquiéter. Donc y revenir, certes, mais seulement là où, vraiment, je peux voir la mer.

Si une chanson parle particulièrement de ce rapport aux territoires qu'il soient géographiques ou émotionnels, c'est Brest de Miossec. Dont acte! (Oui, moi aussi, ça me bouleverse)


Allez cheers!

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