mercredi 27 novembre 2013

Tombée pour Daho




Étienne, je t'aime car tu réussis le pari audacieux d'apposer des paroles profondes sur des musiques légères. Parfois ces musiques se parent de cordes majestueuses et là comment ne pas t'aimer encore plus pour tant d'élégance.

Étienne, je t'aime car tu as réussi à refaire des Inrockuptibles un journal fréquentable le temps d'un beau numéro.

Étienne, je t'aime car tu donnes l'impression d'être un garçon sage mais tu ne te caches pas d'être un noceur, ça et ton rire souvent un peu gêné, cela te donne un mystère supplémentaire.

Étienne, tu es fidèle à tes muses et tu le leur rends bien. 

Étienne, je t'aime car tu réussis à faire se pâmer ma maman devant un texte de Genet, chose totalement improbable.

Étienne, en revanche j'ai quelque chose à te reprocher: tu as repoussé ton concert à la Cité de la Musique au mois de juillet. Bon je sais que c'est pour une bonne raison mais je me faisais une fête de pour une fois fêter la saint Valentin en ta compagnie. 

Damned!



jeudi 7 novembre 2013

Maquillage iconique #1: les paupières fardées de Christina Ricci



Dans Buffalo 66, Christina Ricci joue Layla, une jeune danseuse qui accepte de se faire kidnapper par le torturé et tortueux Billy (sublime Vincent Gallo). Durant tout le film dont l'action court sur une seule et même journée, Layla traîne littéralement sa dégaine de babydoll de fortune: sandales à paillettes, robe clairement trop courte et trop décolletée, lèvres glossées, courbes charnues et chevelure blonde de poupée. Un ersatz miniature d'une créature Fifi Chachnil. Pourtant derrière l'allure de pin-up, l'enfance n'est pas loin: des collants trop clairs, la peau laiteuse, les joues rebondies que l'on a envie de mordre, une démarche tout en trébuchements et surtout un maquillage de petite fille qui aurait joué avec les pinceaux de sa maman. 

Derrière ses paupières fardées de turquoise, rehaussées de paillettes, ses sourcils dessinés au crayon, les yeux de Layla se languissent, dégoulinent d'amour pour Billy. Docilement, Layla suit, attend, se plie avec douceur au plan de Billy "by now, you pretend to be my wife, you adore me, you love me, you cherish me, Jesus Christ, you can live without me". Peu à peu le jeu devient réalité, il faudra du temps à Billy pour se rendre compte que lui aussi n'attendait que ça, que des bras aimants, finalement, l'étreignent.





Allez cheers!

mercredi 6 novembre 2013

Le syndrome de la bonne élève

Non je n'ai pas de petite obsession pour les films de Wes Anderson

J'ai beaucoup d'envies pour ce blog, pas des ambitions démesurées (ouhla non) mais au moins l'envie de me prouver que je suis capable d'aller au bout d'un projet. Mais c'est dur, je voudrais y écrire plus, y publier mes photos, tenter de construire un espace d'expression qui me soit propre mais je me heurte à mon défaut principal, la peur de l'échec. 

Si dans mon travail, je peux parfois être un peu jusqu'au-boutiste, dès que cela touche au personnel, j'ai plutôt tendance à lancer des projets avec beaucoup d'enthousiasme et paradoxalement à ne pas me donner les moyens de les poursuivre. J'ai tenté d'analyser pourquoi, et maintenant avec 33 ans de sage recul, je crois que je pense avoir compris pourquoi... Je m'interdis beaucoup de choses par manque de talent ou de prédisposition. C'est idiot je le sais mais j'ai trop peur du sentiment que l'épreuve de l'échec vous renvoie. 

Le souci d'aimer autant les gens talentueux, c'est qu'on se retrouve souvent écrasé par leurs facilités. Quand je lis un livre aussi virtuose que Pastorale Américaine de Roth, quand je vois les photos de Diane Arbus, les dessins d'Aude Picault, quand j'entends la voix de Chan Marshall, je ne vois pas le travail, je ne vois que la désarmante facilité de la passion, du talent. Je n'ai jamais eu la patience d'être une laborieuse, parce que j'ai toujours voulu être du côté des talentueux. Or si je pense avoir des qualités, je ne suis pas sûre d'avoir de talent particulier, si ce n'est le fait de porter la sensibilité à un altitude himalayesque.

Les rares moments où j'ai forcé ma nature, je me suis pris en pleine face le fait que ça ne marchait pas. Cela m'a toujours fortement affectée, je n'ai pas une confiance en moi telle qu'elle supporte d'être ébranlée par quelque échec que ce soit. J'ai eu quelques opportunités et rétrospectivement je me rends compte que je n'ai pas eu le courage de les saisir à cause de ça: ce sentiment de ne pas être légitime. 

Dans le même temps, j'admire les gens qui n'ont peur de rien, qui avancent seulement bardés de leur envie d'en découdre. Eux aussi en connaissent des échecs, mais cela semble glisser sur eux.

Alors j'ai décidé de me reprendre en main, d'être moins dramatique, moins sensible, de me heurter à mes limites, mais d'essayer de les dépasser un peu justement. Bref, avant de devenir la pro des relations sociales, je vais déjà ressortir le Leica M6 plus souvent (c'est fou d'avoir une Rolls pareille entre les mains et de ne rien en faire), écrire un peu plus, me réinscrire aux cours de dessins de la Grande Chaumière, y aller avec un peu plus d'assurance, tenter de me mettre plus souvent au premier rang et non derrière un poteau. Bref, sortir de ma chambre et assumer un peu d'être une mauvaise élève, parfois.