jeudi 3 octobre 2013

A.P.C : Authentique Possibilité de Compulsion



Entre A.P.C et moi, c'est une longue histoire d'amour. Elle démarre en 1996-97 alors qu'adolescente au Sénégal, je dévore chaque mois le magazine 20 ans. On y trouve les articles les plus drôles (dont je n'arriverais jamais à trouver l'équivalent) mais aussi de belles séries de mode orchestrées par Emmanuelle Alt avec des photos signées Mark Borthwick. Ce sont les années 90, donc y célèbre le grunge mais aussi une certaine idée du minimalisme chic.

Comme je n'ai pas l'accès physique aux boutiques qui me plaisent et encore moins le budget de mes envies, je découpe frénétiquement les images des vêtements qui me parlent, des photographies qui incarnent l'idée que je me fais de la beauté. On y trouve beaucoup le beau visage tâché d'Angela Lindvall dans les pubs Miu Miu, les gazelles bleu layette de Kate Moss, les t-shirts bleu marine Petit Bateau à l'encolure ronde, les vestes masculines d'Isabel Marant qui débute tout juste, et surtout le jean brut d'A.P.C. avec son revers bardé d'une ligne rouge. Un denim foncé, parfait, un jean de "grande" qui permettrait de résoudre tous mes problèmes de fille à qui les 501 ne vont pas...

Débarquée à Paris, A.P.C est devenue très rapidement ma marque de référence. Le jean rêvé s'est révélé ne pas m'aller du tout ce qui ne fut pas le cas du reste ... Cabans marine, vareuses, bottes camel parfaites, t-shirt à rayures, robes trapèze... A.P.C propose une mode juste qui, en dépit des années, correspond toujours à mon corps là où d'autres me font sentir grosse, mal foutue. La rigueur des coupes, le côté intemporel des propositions parlent à mon passé d'ancienne collégienne en uniforme. Et puis il y a cette adresse, "rue de Fleurus", où j'ai vécu brièvement plus petite. Lorsqu'elle existait encore, se rendre à la boutique d'alors relevait du pèlerinage, jardin du Luxembourg et glaces de Christian Constant en toile de fond. Aujourd'hui ne plus cette adresse sur les étiquettes me désole un peu mais la plus austère rue Madame a pris le pas.

Gia Coppola & Sam Freilich shot by Bruce Weber (winter 2008).

Pour mon budget d'étudiante, la section musicale d'A.P.C (Manifeste) développait des produits amusants à prix accessibles. J'ai gardé de cette époque un foulard à guitares, des bracelets en cuir, un long ruban tissé pour mes clés de vélo, un fouta et le souvenir de leur première huile d'olive au packaging épuré. Au fil des années, la marque a peu bougé même si on peut déplorer une progressive hausse des prix. Toujours cette apparente simplicité qui fait que je me glisse dans ces vêtements sans trop me poser de questions, je sais que je vais être bien. Les propositions décalées chez A.P.C sont toujours de bon goût, le lurex, le léopard  toujours contrebalancés par une coupe, un motif qui font que vous ne ressemblerez pas un arbre de Noël. Somme toute, A.P.C vous donne une solide base pour composer avec d'autres.

Et puis il y a tout ce qu'A.P.C convoque. Derrière les robes de mormone que j'affectionne, il y a ce côté légèrement snob qui fait chanter ensemble Mondino et Sofia Coppola, distribue en dvd un court de Zoë Cassavetes, demande à Debbie Harry quelle est la musique qu'elle écoute à ce moment précis, publie des catalogues signés Venetia Scott ou des livres d'illustrations de Charles Anastase... Et puis il y a ce rapport à la musique si  important. Quand A.P.C brode l'aigle des Ramones sur une chemise, j'ai tendance à lui donner plus de crédit que quand Zadig&Voltaire l'affiche en 3 par 4 en lurex dans le dos d'un pull. Bien avant la reprise systématique et mercantile de l'imagerie rock dans la mode, A.P.C a toujours affiché sa révérence pour la musique et ceux qui la font. Et puis comment ne pas adouber une marque qui aime autant un artiste aussi gracieux que Jonathan Richman?
 


Ou sinon si quelqu'un voit un jour ce manteau passer quelque part, je le cherche toujours!

Clemence Poesy porte le manteau que je veux - Garance Doré

Allez Cheers!

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