lundi 30 septembre 2013

Vestiaire iconique #4 : le gilet de Chloë Sévigny

Chloë at home/ tout simplement








































Bon Chloë Sevigny porte un gilet avec son prénom dessus. "So what ?" pourrait-on dire... Et bien moi je veux y voir du signifiant. En effet, on pourrait croire que ce gilet crie "MOI" mais en fait il dit "JE". Quelle différence? Les enfants ont souvent tendance à commencer leur phrase par "Moi, je..." distinguant ainsi bien le fait d'appeler l'attention de celui d'affirmer son action, sa place.

Ce pull résume bien ça. Chloë Sevigny n'a pas vraiment besoin d'attirer l'attention. Son talent d'actrice, sa présence physique tout en jambes fuselées et regard mystérieux (mi-endormi, mi-ironique), son côté "à l'aise partout" l'ont instantanément mise dans la lumière. En revanche, elle dit souvent "JE" par ses choix comme jouer un transexuel dans la très complexe Hit & miss, une mormone dans Big Love. Doit-on également parler de Brown Bunny ou de Gummo? Je n'y vois pas un habile sens du positionnement et de la provocation. J'y vois surtout quelqu'un qui sort de sa zone de confort, qui teste et qui prend en compte qu'apparaître sous son meilleur jour n'est pas la clé de la cinégénie.

Au-delà de ça, on tricote rarement un pull avec son prénom dessus. C'est plus souvent un cadeau que votre grand-mère vous fait, une marque d'attention, une manière de vous dire que vous existez et de le faire savoir aux autres. Ma grand-mère a réalisé des petits écussons en feutrine sur lesquels elle a brodé le prénom de mon fils avec du fil doré. Quand je vois ces petits bouts de tissu, la délicatesse, le travail et la patience qu'ils ont nécessité, je me dis que tous ces "JE" ne demandent qu'à sortir.

Allez cheers!

mercredi 18 septembre 2013

La grande bellezza

Jennifer Lawrence photographiée pour la nouvelle campagne Dior
Quand j'ai vu les images de la nouvelle campagne Dior de cet hiver, mon coeur s'est emballé. On rendait ENFIN hommage à la beauté de Jennifer Lawrence depuis quelques temps très maltraitée, vulgarisée à l'écran comme à la ville. 

J'ai découvert cette actrice dans l'excellent Winter's bone. Dans ce film âpre et onirique, on suit avec  admiration ce petit chaperon rouge taciturne vêtu d'une parka trop grande et d'un épais bonnet. Dans la noirceur du film, en réponse à la cruauté de ses pairs, ce qui ressortait toujours c'était ses traits indiens, son teint diaphane, la lumière de ses cheveux blonds et surtout la violence et la détermination contenus dans son regard bleu. Une beauté au sens littéral du terme qui émergeait des terrains boueux de la forêt des Ozarks. 

Voir l'explosion de la vraie beauté dans un film est toujours troublant. Une beauté sans artifice, sans apparent travail (vêtement, maquillage, accessoires...), une photogénie qui vous rend jalouse et en même tant vous subjugue. Dernier exemple en date, Marina Vacth dans Jeune et Jolie de François Ozon, qu'il est difficile de regarder se mouvoir sans fascination totale. Exemple plus ancien, Gena Rowlands dans Une femme sous influence. Comment ne pas tomber instantanément amoureux de cette femme aux épais cheveux blonds simplement relevés, aux longues jambes affublées d'une jupe trop courte pour son âge, aux yeux à la fois rieurs et désespérés... Quand je la vois danser sur le Lac des Cygnes, je crois effleurer l'amour que lui portait Cassavetes.



Sur ce, je vais aller m'acheter un nouveau rouge à lèvres. Allez cheers!

mardi 17 septembre 2013

Dance and cry

Phoenix par Hedi Slimane

Le dernier album de Phoenix m'avait laissée un peu sur ma faim. Un premier single certes très accrocheur (Entertainment), une chanson parfaite (Chloroform) mais des titres dans l'ensemble un poil trop produits, saturés de synthés volontairement cheap qui, pour moi, transformaient leur délicieuse pop mélancolique en vaisseau légèrement agressif. Où étaient passées le slow californien de Honeymoon? Le funk chaloupé de (You can't blame it on) Anybody? L'émotion qui vous étreint sur Rome? La promesse de One time too many. Si Bankrupt s'inscrivait certes dans la droite lignée de Wolfgang Amadeus Phoenix, il poussait dans ses retranchements l'harmonie sur le fil trouvée alors. 

Mais quand on aime tant un groupe, difficile cependant de s'avouer qu'on aime "un peu moins" un album. Alors on cherche, on attend...

C'est à cet instant que la Blogothèque sort ce formidable Take away show de 20 minutes qui nous embarque écouter Phoenix au plus près, dans un avion, dans le parc du Château de Versailles, sur une barque puis dans un jardin. Et c'est ce "au plus près" qui permet de rappeler pourquoi ce groupe est tellement important. Qu'au-delà du cool qu'ils incarnent, il y a cette imparable maîtrise de la chanson qui réussira à vous faire danser en pleurant. 

Les mélodies épurées de la production omniprésente de l'album retrouvent leur charme initial; la réalisation par ses manières subtiles de saisir un regard, une attitude, de jouer sur le décor à la fois grandiose et champêtre de Versailles redonne aux chansons l'humilité et l'innocence qui nous les fait sentir si proches de nous.




Allez cheers!

mercredi 11 septembre 2013

Too many, too much and not enough

C'est la minute "ma vie"
C'est amusant et légèrement déprimant combien une vie peut se construire sur le principe de l'accumulation. Livres, vêtements, idées, envies, disques, projets, ambitions, désillusions, bougies parfumées, mugs, reproches, enthousiasmes, empilement qui mêle bon comme mauvais, matériel et immatériel.

J'essaie de décoder d'où vient ce terrible besoin d'accumuler:
- d'un point de vue très matérialiste, parce que j'aime être entourée de belles choses. je suis la victime du "plaisir des yeux" qui se transforme rapidement en "je le veux!" puis "comment l'avoir?" (et pour pas trop cher, parce qu'en plus de ça, je trouve le jeu de la débrouille palpitant).
- parce que c'est dans mes gènes. Il suffit de voir la maison dans laquelle j'ai grandi pour comprendre que le mot dépouillement ne fait pas partie de la grammaire familiale.
- parce que j'ai un esprit boulimique. Un sujet en amène un autre, une envie est liée à une autre. La curiosité est un vilain défaut, ça vous pourrit une vie intellectuelle (et un lieu de vie) en vous donnant des objectifs irréalisables: avoir tout lu, avoir tout vu afin de tout comprendre de la Matrice.
- parce que j'ai l'impression que toutes ces choses accumulées parlent pour moi, qu'elles me racontent ou plutôt qu'elles racontent le désordre et le fourmillement qui règnent dans mon cerveau sans que j'ai besoin de le formuler à voix haute. Pour les timides, s'exposer ça économise les mots.

Dans le même temps, si j'aime que les lieux soient habités de la vie intérieure des gens (un appartement sans livre ou sans disque me terrorise), parfois, je me sens dépassée par ce qui m'entoure. Pourquoi avoir 25 affiches d'expo encore roulottées, pourquoi vouloir encore faire l'acquisition d'un nouveau manteau bleu marine,  pourquoi ne pas terminer la pile de 10 romans commencés en même temps avant d'en acheter un nouveau...?

Peut-être est-ce le besoin de s'attacher, de dépendre de quelque chose. Ce qui me pose souci c'est qu'on dit souvent avec raison qu'il ne faut pas devenir esclave de ses possessions, qu'elles vous empêchent d'être libre de vos mouvements: tout devient compliqué, on a peur de les laisser. Et puis, ça entretient la frustration (on commence des to do, to buy, to throw list qu'on ne finit jamais). Bref, ce n'est pas de tout repos.

Comme c'est le temps de la rentrée, j'ai donc pris des bonnes résolutions. Essayer de pouvoir prendre un livre sur une étagère sans faire tomber 3 appareils photo, 2 vases et  100 000 bibelots en tout genre, en fait partie. Renoncer à l'acquisition de tous les totebags de la terre également. Ebay et leboncoin, vous allez souffrir!

C'était vraiment très intéressant.


 Allez cheers!